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Illustration du parcours de soin pour la syllogomanie

Parcours de soin pour la syllogomanie

Comprendre comment se déroule concrètement un accompagnement pour le trouble d'accumulation compulsive en France, sans jugement et avec bienveillance.

Introduction : demander de l'aide est légitime

La syllogomanie, ou trouble d'accumulation compulsive, est un véritable trouble psychique reconnu dans les classifications médicales internationales (DSM-5, CIM-11). Ce n'est pas un manque de volonté ou un défaut de caractère, mais une difficulté qui mérite un accompagnement adapté.

Demander de l'aide est souvent difficile, car le trouble s'accompagne de honte, de culpabilité et parfois de déni. Pourtant, c'est une démarche légitime et courageuse qui peut ouvrir la voie vers un mieux-être.

Important : Les informations présentées ici sont destinées à éclairer et informer, mais ne remplacent en aucun cas un avis médical personnalisé. Seul un professionnel de santé peut établir un diagnostic et proposer un accompagnement adapté à votre situation.

1Première étape : reconnaître qu'il y a un problème

Tous les êtres humains accumulent des objets à différents degrés. La différence entre "être désordonné" et souffrir d'un trouble d'accumulation compulsive réside dans l'impact sur la vie quotidienne :

  • L'encombrement empêche l'utilisation normale des pièces du logement
  • La personne ressent une détresse importante liée à sa situation
  • Les tentatives de désencombrement provoquent une anxiété intense
  • La qualité de vie et les relations sociales sont affectées

Le déclic peut venir de la personne elle-même, d'un proche inquiet, ou d'un intervenant extérieur (médecin, travailleur social, bailleur). Quelle que soit l'origine de la prise de conscience, elle marque le début possible d'un parcours de soin.

2Consulter un professionnel de santé

Le médecin traitant comme premier interlocuteur

Le médecin traitant est souvent le premier professionnel vers qui se tourner. Il peut :

  • Écouter vos difficultés dans un cadre confidentiel et sans jugement
  • Évaluer votre état de santé global (physique et psychique)
  • Comprendre votre contexte de vie et vos besoins
  • Vous orienter vers des spécialistes adaptés (psychiatre, psychologue, CMP)

L'objectif de cette première consultation n'est pas de "forcer à jeter" ou de juger, mais de comprendre ce qui se joue et d'identifier les meilleures solutions d'accompagnement.

Les Centres Médico-Psychologiques (CMP)

Les CMP sont des structures publiques de soins en santé mentale, accessibles sans dépassement d'honoraires. Ils proposent des consultations avec des psychiatres et des psychologues, et peuvent assurer un suivi régulier. L'accès se fait généralement sur orientation du médecin traitant, mais il est aussi possible de contacter directement le CMP de votre secteur.

D'autres structures existent également : consultations hospitalières, centres spécialisés en thérapie comportementale, services de psychiatrie de liaison, etc.

3Le rôle du psychiatre et du psychologue

La thérapie cognitivo-comportementale (TCC)

La thérapie cognitivo-comportementale est l'approche psychologique de référence pour le trouble d'accumulation compulsive. Elle vise à travailler sur :

  • Les pensées liées aux objets : peur de manquer, peur de regretter, besoin de tout garder "au cas où"
  • L'anxiété liée au tri : apprendre à tolérer l'inconfort du désencombrement progressif
  • Les exercices concrets : petits désencombrements guidés, étape par étape, à un rythme adapté
  • Les comportements d'acquisition : comprendre et limiter les achats ou récupérations compulsifs

Ce travail se fait dans le respect du rythme de la personne. Il ne s'agit pas de "tout jeter d'un coup", mais d'apprendre progressivement à se séparer d'objets en réduisant l'anxiété associée.

Le traitement médicamenteux

Dans certains cas, un traitement médicamenteux peut être proposé, notamment des antidépresseurs de type ISRS (inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine). Ce n'est ni automatique ni magique : le médicament peut aider à réduire l'anxiété et faciliter le travail psychothérapeutique, mais il ne remplace pas l'accompagnement psychologique.

Seul un médecin psychiatre peut prescrire et ajuster un traitement médicamenteux.

4Coordination avec l'entourage et le logement

Le parcours de soin pour la syllogomanie se fait souvent en réseau, avec plusieurs interlocuteurs :

  • Les professionnels de santé (médecin, psychiatre, psychologue)
  • Les proches (famille, amis) qui peuvent soutenir sans juger
  • Les services sociaux (CCAS, assistantes sociales) pour l'aide administrative et matérielle
  • Les bailleurs ou collectivités lorsque le logement pose des problèmes de sécurité
  • Les associations spécialisées dans l'accompagnement ou le nettoyage de logements très encombrés

Lorsque le logement est très encombré, les questions de sécurité (risques de chute, d'incendie, d'insalubrité) peuvent amener d'autres acteurs à intervenir : services d'hygiène municipaux, pompiers, bailleurs sociaux, etc.

Dans l'idéal, un éventuel nettoyage spécialisé doit s'inscrire dans un parcours d'accompagnement psychologique et social, et non se limiter à "vider l'appartement en une fois" sans suivi. Le respect de la personne et de son rythme reste central.

5Comment se préparer à un rendez-vous ?

Si vous envisagez de consulter un professionnel de santé pour parler de vos difficultés d'accumulation, voici quelques conseils concrets :

  • Notez vos difficultés : avant la consultation, écrivez ce qui vous gêne au quotidien, depuis combien de temps, ce qui vous inquiète
  • Apportez des photos : si c'est plus facile que d'en parler, des photos du logement peuvent aider le professionnel à comprendre la situation
  • Venez accompagné si possible : un proche de confiance peut vous soutenir et compléter les informations
  • Soyez honnête : il n'y a pas de "bon" ou "mauvais" ressenti à exprimer. Le professionnel est là pour vous écouter sans jugement

Rassurez-vous : Il n'est pas nécessaire de "tout montrer" ou "tout raconter" dès la première rencontre. Le lien de confiance se construit progressivement, et chaque petite étape compte.

Questions fréquentes sur le parcours de soin

Est-ce que je risque d'être expulsé si je parle de ma situation ?

Consulter un professionnel de santé ne déclenche pas automatiquement une procédure d'expulsion. Le secret médical protège vos échanges avec les soignants. En revanche, si votre logement pose des risques graves pour la sécurité (incendie, insalubrité extrême), d'autres acteurs (bailleur, services d'hygiène) peuvent intervenir. Dans ce cas, l'objectif est généralement de trouver des solutions d'accompagnement, pas de sanctionner.

Est-ce qu'on va m'obliger à tout jeter ?

Non. Le principe d'un accompagnement respectueux est de travailler avec la personne, pas contre elle. Un professionnel formé ne forcera jamais à jeter des objets contre votre gré. Le travail se fait progressivement, à votre rythme, en respectant vos émotions et vos besoins.

Combien de temps dure un accompagnement ?

Il n'y a pas de durée standard. Certains suivis durent quelques mois, d'autres plusieurs années. Tout dépend de la sévérité du trouble, des ressources de la personne, du contexte de vie, et de la disponibilité des professionnels. L'important est la régularité et la qualité du lien avec les soignants.

Pour aller plus loin

Obtenir de l'aide

Professionnels de santé
Consultez votre médecin traitant qui pourra vous orienter vers un psychiatre ou psychologue spécialisé.
Services sociaux
Les CCAS et services sociaux de votre commune peuvent vous accompagner dans vos démarches.
Associations spécialisées
Des associations peuvent vous accompagner et vous informer sur la syllogomanie.
Groupes de soutien
Échanger avec d'autres personnes concernées peut être une aide précieuse.